La traduction canadienne (FR_CA) utilise systématiquement le doublet abrégé avec trait d’union (rédacteur-trice) pour indiquer une marque d’inclusivité. La traduction FR_Fr ne supporte de son côté l’écriture inclusive que de manière très limitée et doit donc être améliorée. Reste à déterminer les règles à suivre pour une traduction efficace. L’Académie française n’est pas en pointe sur le sujet (sa contribution est limitée aux règles de féminisation, voy. [son rapport sur la question] (http://www.academie-francaise.fr/sites/academie-francaise.fr/files/rapport_feminisation_noms_de_metier_et_de_fonction.pdf)). L’Office québécois de la langue française est plus actif et dispose d’une [documentation plus fournie] (Banque de dépannage linguistique -). Après l’avoir parcourue rapidement, voici quelques pistes de réflexion :
Privilégier les formes neutres lorsque la chaîne de caractères le permet
Privilégier les doublets longs (rédacteurs ou rédactrice) lorsque la chaîne ne soulève pas de problème d’espace (i.e. la chaîne, représente au moins une phrase).
Limiter l’utilisation des doublets abrégés aux termes courts pour lesquels l’espace est limité (i.e. lorsque la chaîne de caractère ne contient que quelques mots ne constituant pas une phrase correcte). Le signe doit également être déterminé. Les articles sur le sujet dans la BDL recommandent les parenthèses ou crochets, avec une préférence pour les parenthèses qui sont déjà utilisées pour marquer le pluriel.
Certains termes connaissent plusieurs formes féminines concurrentes (autrice/auteure notamment), il est souhaitable de s’accorder sur une forme déterminée par souci de cohérence.
J’ai utilisé ce cahier de règles pour l’écriture inclusive au début de mon travail de traduction (fr_CA) de OJS en 2018 :
Je crois comprendre que les règles qui y sont exposées rejoignent sensiblement les pistes de l’OQLF, principes que vous semblez vouloir retenir vous aussi.
J’aimais bien le fait qu’une forme abrégée (réacteur-trice) y soit proposée pour les formulaires (soit une majeure partie de OJS, puisque à part les textes des courriels et les quelques blocs d’information, l’interface utilisateur est surtout constitué de champs de formulaires et intitulés de sections). Pour les textes plus longs j’ai tenté de conserver un juste milieu entre les formes longues (rédacteur ou rédactrice) et les formes abrégées (rédacteur-trice) puisque certaines fois c’est une fonction ou un intitulé de bouton qui est mentionné (ex.: Les lecteurs et lectrices qui désirent plus de renseignements peuvent cliquer sur le lien « Pour les lecteurs-trices » …).
Vrai ce guide date un peu, du moins avant l’avènement du « point milieu » qui semble constituer un séparateur plus moderne disons… (voir ce guide : https://chairehomophobie.uqam.ca/wp-content/uploads/2019/04/Mots-Cléfs-Manueldécritureinclusive.pdf). Les parenthèses sont également une option intéressante. Je n’ai pas de préférence je crois. Retirer les traits d’union pour les remplacer par un autre séparateur ne se ferait toutefois que semi-automatiquement.
Quant à la forme neutre, même si j’aimerais moi aussi davantage privilégier cette approche, il est parfois difficile de l’adopter sans s’éloigner sensiblement de la signification de la source originale ou encore introduire certaines ambiguïtés (par ex. je préfère traduire « editors » par « rédacteurs-trices » ou encore les « rédacteurs et rédactrices» plutôt que « la communauté rédactrice » ou encore « le personnel rédacteur ». Qu’en dites-vous?
“Auteure” ou “autrice” ?.. cette question ne fait pas consensus on dirait (Une auteure ou une autrice? | Le Devoir) J’ai jeté mon dévolu sur « auteure » et ai donc employé cette forme uniquement et systématiquement à travers toute ma traduction. Les autres francophones sont-ils à l’aise avec ce choix?
Merci pour cette réponse et pour cette documentation complémentaire !
Il est vrai que la traduction ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre pour les formes neutres, à l’exception peut-être des emails puisque les divergences de conventions académiques justifient, dans ce cas, que la traduction puisse s’écarter de l’original si nécessaire.
En ce qui concerne le doublet abrégé, je partage votre avis concernant les formulaires et boutons, i.e. là où les contraintes graphiques ne permettent pas un doublet complet, et par extension dans les blocs de texte où les boutons sont mentionnés. Cette position est cependant loin d’être unanime en France et elle est d’ailleurs officiellement découragée pour les formulaires et textes officiels (https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000036068906).
Je pense donc qu’il est nécessaire de limiter le doublet abrégé au strict nécessaire et de favoriser le doublet complet partout où cela est possible, y compris dans les descriptions, les messages d’erreur, voire certains formulaires où l’espace ne semble pas poser de problème (par exemple : « Les utilisatrices et utilisateurs doivent être inscrits et se connecter pour afficher le site de la revue. »). La proximité permet d’ailleurs d’éviter de dédoublement de l’adjectif, ce qui semble être [la recommandation de l’OQLF] (http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?t1=1&id=3997) (j’ignore la position de l’Académie française sur ce point ; [celle du Dictionnaire Robert] (https://dictionnaire.lerobert.com/guide/accord-de-l-adjectif-qualificatif-avec-plusieurs-noms-juxtaposes-ou-coordonnes-par-et) est plus « traditionnelle », mais aboutit au même résultat).
Sur le signe à retenir, il semble y avoir eu une évolution en français canadien puisque le document de l’UQAM recommande de tiret tandis que l’OQLF se range aujourd’hui à la parenthèse. Je note également que la marque de l’adjectif pluriel semble évoluer avec le signe : « directeurs-trices » pour l’UQAM, « directeur(-trice)s » pour l’OQLF. L’usage de la parenthèse en France semble correspondre à un usage plus ancien, le point médian étant de plus en plus fréquent. Je suis pour ma part très réfractaire à ce dernier pour des raisons de fluidité, mais également parce que son utilisation ne semble pour l’instant pas avoir fait l’objet d’une normalisation. Je me range donc pour l’instant au tiret dans la traduction de FR_Fr, en miroir de FR_CA par souci de cohérence et parce que les règles sont établies.
Pour auteure/autrice, il semble que la distinction soit en passe de devenir un régionalisme ! À la lecture de vos liens et des documents de l’OQLF sur la question, il semble que la forme « auteure » soit définitivement ancrée au Canada, la forme « autrice » étant perçue comme une importation européenne (Suisse et France plus récemment). En France en revanche, « autrice » est désormais la forme recommandée par l’Académie française (voy. [leur rapport] (http://www.academie-francaise.fr/sites/academie-francaise.fr/files/rapport_feminisation_noms_de_metier_et_de_fonction.pdf) p. 10), par
[le Robert] (https://dictionnaire.lerobert.com/definition/auteur) et semble être graduellement adoptée dans le milieu universitaire, même si « auteure » reste courant dans le langage commun (aux côtés d’auteur comme forme épicène). J’adopte pour l’instant « auteure » dans la traduction FR_Fr pour faciliter les choses en cas de fusion, mais si les deux traductions restent distinctes, je pense à terme utiliser « autrice » si le terme s’installe effectivement dans le secteur universitaire.
Je suis pour l’instant concentré sur les nombreuses chaînes manquantes dans FR_Fr et je n’ai pas encore commencé la révision plus générale de la traduction, y compris l’intégration systématique des formes inclusives. Je ne le ferai d’ailleurs pas avant que la question d’une éventuelle fusion ne soit tranchée, ce qui laisse du temps pour d’éventuelles recommandations ou contre-propositions